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Le projet  African Activists for Climate Justice (AACJ) est un projet qui intervient dans huit pays que sont le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria, le Sénégal, la Somalie et l’Afrique du Sud. Le projet durera 56 mois pour un budget global de 43.373.934 d’€. La part du Sénégal étant de  2.893.019 d’€. Les membres du consortium sont  AYC, FEMNET, NATURAL JUSTICE, OXFAM et PACJA.

L’objectif stratégique de ce projet est de démocratiser le débat sur le climat dans ces pays. Une population mieux informée joue un rôle actif dans le débat et les décisions sur le changement climatique et contribue à une meilleure reconnaissance des préoccupations et des droits des communautés et des groupes vulnérables affectés par le climat, ainsi que de leur contribution à la lutte contre le changement climatique.

Le Sénégal est l’un des pays les plus stables d’Afrique, bien que l’emprisonnement récent de personnalités de l’opposition ait contribué aux tensions politiques. Le taux de croissance économique du Sénégal était de 6,8 % en 2018, bien que la crise COVID-19 l’ait ralenti à un taux estimé à 1,3 % en 2020. Le pays présente une forte concentration de pauvreté dans les zones rurales et dans les régions du sud et du sud-est: son taux de pauvreté était estimé à 46,7 % en 2011 en utilisant le seuil de pauvreté national, et à 38 % en utilisant le seuil international.

Environ 80 % de la population est engagée dans l’agriculture ; la pêche contribue également à la sécurité alimentaire et aux moyens de subsistance. Le taux de chômage est de 48 % ; des milliers de jeunes ont migré vers les zones urbaines et à l’étranger à la recherche d’un emploi, et 48,6 % de la population a moins de 18 ans. Le Sénégal se classe 125e sur 162 pays pour ce qui est de l’inégalité entre les sexes.

ANALYSE DES PROBLÈMES

 LES LACUNES DES POLITIQUES ET DES CADRES JURIDIQUES

Des structures au niveau de l’État ont été mises en place sur le changement climatique, par exemple le Comité national sur le changement climatique et le Centre de surveillance écologique. Mais le changement climatique n‘est pas pris en compte de manière systématique et transversale dans les programmes et les politiques, et il manque un cadre juridique spécifique. Le code de l’environnement est en cours de révision et un nouveau code de la biodiversité est envisagé, mais la société civile – en particulier les femmes, les jeunes et les communautés indigènes – n’est pas suffisamment impliquée. Le plan national d’adaptation au changement climatique du Sénégal de 2006 est aujourd’hui largement dépassé. La pêche est à ce jour le seul secteur à disposer d’un PAN sectoriel pour 2035; d’autres sont en cours d’élaboration.

Il existe des lacunes dans les cadres politiques existants en matière de protection des droits de l’homme, de droits fonciers, d’égalité des sexes et de droits des défenseurs des droits de l’homme. Les communautés ont un accès limité à l’information sur les questions environnementales et les projets qui les concernent, et il y a un manque de transparence dans l’allocation des ressources financières sur le changement climatique.

Les communautés rurales et côtières sont touchées par la diminution des précipitations, la salinisation des terres, l’érosion, la destruction des forêts de mangrove et la réduction de la productivité agricole. Le changement climatique a également des répercussions sur les ressources en eau et la biodiversité, ce qui affecte les moyens de subsistance des populations. Les communautés côtières sont évincées par les projets d’infrastructure et d’industrie ayant des effets négatifs sur le climat, comme les centrales au charbon et l’exploitation pétrolière et gazière offshore.

Les communautés locales dans les zones rurales et les zones côtières périurbaines sont particulièrement vulnérables au changement climatique. L’inégalité entre les sexes signifie que les femmes n’ont pas de droits sur les terres et les ressources ni de participation à la prise de décision et au partage des bénéfices, ce qui limite leur capacité d’adaptation. Le manque d’accès à la terre et l’absence de voix au chapitre dans la prise de décision touchent également les jeunes. Les défenseurs des droits fonciers et environnementaux risquent d’être poursuivis et harcelés.

L’EXCLUSION DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

Le débat sur le changement climatique est dominé par un petit groupe au sein du gouvernement, des experts scientifiques et quelques OSC. Les communautés locales, les femmes, les jeunes, les agriculteurs et les pêcheurs sont exclus des débats et des processus politiques. Les solutions habituelles des communautés locales, en particulier celles des femmes, ne sont pas prises en compte. Les communautés locales et les groupes vulnérables n’ont guère leur mot à dire dans les projets industriels et d’infrastructure qui les concernent et luttent pour accéder à l’information et au système judiciaire.

LES CONFLITS BASÉS SUR LES RESSOURCES NATURELLES.

Le Sénégal possède une industrie extractive en pleine expansion. Des efforts sont faits en faveur des énergies renouvelables, mais d’autres politiques augmentent la dépendance au pétrole et au gaz. L’exploitation pétrolière et gazière offshore va également exacerber le conflit existant entre les pêcheurs artisanaux et la pêche industrielle. La violation des droits environnementaux des communautés locales dans les projets d’extraction et d’infrastructure peut créer des conflits et des troubles sociaux : dans la région de Casamance, le contrôle des ressources naturelles est l’un des problèmes sous-jacents à un conflit interne de faible ampleur depuis les années 1980.

POSSIBILITÉS DE CHANGEMENT au niveau national

  • L’existence d’OSC et de réseaux locaux et nationaux engagés dans l’activisme et la défense du climat, et de mouvements locaux s’opposant à des projets violant les droits environnementaux et sociaux – comme la centrale au charbon de Bargny, qui a attiré l’attention internationale – permet de mobiliser un plus grand mouvement d’OSC pour se rallier à la justice climatique.
  • Il existe des possibilités de litiges stratégiques qui peuvent créer de précieux précédents au Sénégal et dans la région, car il y a peu de jurisprudence sur les questions de justice environnementale.
  • Les cadres législatifs établis et les instruments internationaux ratifiés favorisent l’égalité des sexes, le code de l’environnement est en cours de révision, et un nouveau code sur la biodiversité offre la possibilité d’engager le dialogue avec les décideurs politiques grâce aux contributions directes des femmes, des jeunes, des populations autochtones et des communautés locales qui sont en première ligne du changement climatique.
  • Des efforts sont faits pour intégrer le NDC dans les politiques nationales ; le Centre de Suivi Écologique est l’une des premières agences de la région à être accréditée pour le Green Climate Fund.
  • La jeune population adopte la technologie pour la mobilisation sociale et les campagnes